ИСТИНА |
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Théoriciens, traducteurs, écrivains et professeurs de langue désapprouvent le mot-à-mot, car il « massacre le sens » [Mounin, 1976 : 13-14]. Gaucherie et maladresse étrangère à la langue-cible, le mot-à-mot contredit ou interdit les ambitions esthétiques qui veulent rendre la beauté de l’œuvre, restituer son rythme et son « souffle ». Cependant, dans certaines circonstances, le mot-à-mot ou le ligne à ligne sont indispensables, exquis, précieux ou encore propices à la compréhension des faits de langue. Rappelons dans quelles conditions il peut s’avérer pertinent. Premièrement, dans les traductions des textes patristiques, bibliques et liturgiques, le principe verbum pro verba peut constituer une démarche érigée en règle ; parmi les traductions de la Bible hébraïque en grec, assemblées par Origène, c’est le nom d’Aquila qui se rapporte au littéralisme sacrifiant la syntaxe et la grammaire grecques au nom de la lettre. Deuxièmement, les emprunts et les calques suggèrent que les mots sont “interchangeables” [Bally, 1951 : 49] ; un calque est une « copie d’un mot imagé ou d’une structure étrangère » [Mounin, 1976 : 93]. Troisièmement, le ligne à ligne peut servir de version intermédiaire, tout à fait légitime, mise à la disposition du traducteur qu’il soit ou non l’auteur de ce « brouillon ». Nous souhaitons étudier tout particulièrement les cas où un poète traduit les vers d’une langue qu’il ne connaît. Quatrièmement, plusieurs écrivains ont voulu rendre la dignité à la traduction littérale, à une prose libérée des entraves de la contrainte poétique. Chateaubriand : « …on en viendra peut-être à trouver que la fidélité, même quand la beauté lui manque, a son prix » [Chateaubriand, 1990 : 101, 111] ; Vl. Nabokov, lui aussi, réhabilitaient le mot-à-mot au nom du respect du sens ; sa traduction d’Eugène Onéguine en témoigne. Olga Sedakova défend le mot-à-mot dans la traduction poétique car c’est une mise à l’épreuve de l’audace du traducteur. Le colloque sera consacré au ligne à ligne, souhaité ou, du moins, temporairement nécessaire, à la « symétrie » des langues et des textes, ainsi qu’à la littéralité et au sens littéral dans la langue, la littérature, le commentaire littéraire et les études linguistiques. Les sujets de réflexion se rapportent aux différents domaines des lettres slaves : prose et poésie, théorie et pratique de la traduction, Écritures, lexicologie, grammaire.